La transformation numérique de la société, accentuée avec la pandémie du covid-19, a forcé les entreprises à exploiter la donnée pour améliorer leur performance. Désormais, la viabilité de la majorité des modèles économiques de notre époque dépend de l’exploitation intelligente de la donnée. Vous souhaitez vous orienter vers un métier de la data ? Vous souhaitez vous reconvertir dans l’informatique ? Vous souhaitez devenir consultant business intelligence (ou consultant décisionnel) ? Cet article a été écrit pour vous.
Les entreprises ont de plus en plus besoin de spécialistes capables d’implémenter une « chaîne décisionnelle » pour mieux valoriser leur capital data, et ainsi devenir plus compétitives.
Cette chronique est une fiche métier qui vous indique comment vous orienter dans le métier de consultant Business Intelligence. Nous vous expliquerons l’ensemble des étapes à suivre pour le devenir, son intérêt pour une entreprise, les compétences à développer, les formations à suivre, le salaire, ainsi que les évolutions de carrière possible.
Sommaire
Pourquoi une entreprise a-t-elle besoin d’un consultant BI ?
Commençons par les fondements. Pourquoi une entreprise a t’elle besoin d’un consultant Big Data ? Alors, il faut comprendre qu’à la base, l’activité d’une entreprise est intrinsèquement découpée en processus métiers. Pour atteindre ses objectifs de gestion, l’entreprise doit s’organiser en unités spécialisées et établir des processus pour le fonctionnement de chacune d’entre elles. Par exemple, pour vendre ses véhicules, un concessionnaire automobile a besoin de mettre en place plusieurs processus : le processus de fabrication de ses véhicules, le processus d’acquisition des matières premières, le processus de commande, le processus de vente, le processus de maintenance, le processus de SAV, etc. Ce sont ces processus qu’on appelle processus métier.
La norme ISO 9001 définit formellement un processus comme « toute activité utilisant des ressources et gérées de manière à permettre la transformation d’éléments d’entrée en éléments de sorties ».
Sous le terme « processus », la norme préconise d’appréhender chaque production de l’organisation comme le résultat d’un processus, considérant que la performance s’en trouvera accrue : « un résultat escompté est atteint de façon plus efficiente lorsque les ressources et activités différentes sont gérées comme un processus ». Qu’est ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu’identifier, comprendre et gérer ses processus métier permettent à l’entreprise d’améliorer ses résultats (les résultats que les processus génèrent), et ainsi, à atteindre ses objectifs. Par exemple, si nous revenons sur l’exemple de l’entreprise concessionnaire de véhicules, si son processus commercial lui permet de vendre 10 véhicules par trimestre (le résultat), il est tout à fait possible pour elle d’accroître ses ventes simplement en améliorant son processus commercial.
Sous cet angle, vous voyez que l’amélioration continue et le monitoring de ses processus métier deviennent un clé pour l’amélioration des performances de l’entreprise ! Ainsi, si l’entreprise veut plus de résultats, ses décideurs doivent absolument comprendre ce qui se passe au niveau des processus métiers et pouvoir les améliorer. Cela implique analyser, faire parler, valoriser le capital data de l’entreprise.
Une discipline entière est née pour désigner les processus qui permettent aux décideurs d’une entreprise de suivre et améliorer la performance de ses processus métier. Cette discipline s’appelle la Business Intelligence (traduit en français par informatique décisionnelle).
La Business Intelligence désigne l’ensemble des processus administratifs, matériels et informatiques nécessaires pour suivre les processus métiers (ou opérationnels) d’une entreprise afin d’en faciliter le pilotage. Plus simplement, la Business Intelligence est la branche de l’informatique qui désigne les méthodes, techniques et outils informatiques utilisés pour suivre une activité et aider à la prise de décision. Elle repose sur la masse de données générées par les processus métiers de l’entreprise et captées par son Système d’Information.
L’entreprise a besoin d’un prestataire (donc un consultant) qui maîtrise les techniques de la Business Intelligence pour l’aider à valoriser la masse de données générées par ses processus métier. L’enjeu de ce poste est fondamental car si l’entreprise ne sait pas suivre ou analyser ces processus, elle ne pourra jamais améliorer ses résultats (et donc potentiellement pas atteindre ses objectifs).
Les missions du Consultant Business Intelligence
La Business Intelligence (en abrégé BI) utilise un large panel de logiciels ainsi que des services particuliers pour transformer les données en informations exploitables qui éclairent les décisions stratégiques et tactiques d’une entreprise. Le terme fait souvent référence à une gamme d’outils qui permet d’agréger toutes les données d’une entreprise afin d’en obtenir des indicateurs de suivi de performance (KPI) pour connaître et suivre son état. Elle prend appui sur les données générées par les processus métiers de l’entreprise.
Elle regroupe l’ensemble des systèmes, des projets et des outils technologiques qui permettent aux données d’être traitées, puis, travaillées et modifiées jusqu’à ce qu’elles deviennent des informations utiles. Car, il est important de préciser qu’une masse de données, à moins qu’elle ne subisse un traitement approprié et qu’on en retire de l’information, induit rarement à une décision. Les bases de données, fichiers structurés et non-structurés éparses, dans lesquelles sont dispersées les feedback de l’activité (ou des processus métiers) de l’entreprise, sont les matières premières de la BI. Elles seront modélisées, intégrées et homogénéisées à l’aide de techniques précises comme le Data Warehouse, les cube OLAP, les Data Mart, avant d’être consolidées pour le calcul d’indicateurs d’aide à la décision (les KPI).
Toutefois, ces systèmes, procédés, logiciels BI et technologies n’ont aucun intérêt si personne de compétent ne sait les utiliser.
Ainsi, il est principalement attendu d’un consultant Business Intelligence, appelé également consultant BI ou consultant décisionnel, qu’il maîtrise ces outils afin d’aider l’entreprise à être plus performante.
Avec la digitalisation de la société, accentuée par la tendance du Big Data, le poste de consultant, ou encore, responsable business intelligence est aujourd’hui un profil très recherché.
Et pourtant, il faut rappeler que ce métier n’existait pas il y a dix à quinze ans. Seules les grandes entreprises ou des multinationales en avaient besoin. Mais le contexte actuel oblige aujourd’hui toute entreprise, grande, moyenne ou petite, à avoir recours à ce professionnel, soit embauché par l’entreprise elle-même, soit sous-traité.
Sa tâche fondamentale est de garantir le stockage, la consolidation et l’analyse de toutes les données qui se produisent dans l’entreprise. L’exploitation de toutes les données générées par l’entreprise, l’environnement, les produits, les clients et les fournisseurs permettra de trouver de nouvelles possibilités qui rendent l’entreprise plus compétitive.
Notez que certains titres de poste s’entremêlent avec le poste consultant BI, et créent une amalgame. En réalité, ces titres renvoient tous au même métier : BI Analyst, Ingénieur business intelligence, Consultant décisionnel informatique, Responsable BI, Manager business intelligence.
Le consultant Business intelligence met à la disposition des dirigeants, des tableaux de bord pour les soutenir dans leur prise de décision. Sa principale mission est de proposer aux décideurs d’une entreprise un outil d’aide à la décision permettant d’avoir une vue d’ensemble sur l’activité de l’entreprise.
A base des différents systèmes informatiques de l’entreprise, il effectue un recueil d’informations pouvant facilement aider les dirigeants dans leur prise de décisions. Il se charge ensuite de tester les différents tableaux de bords et outils de reporting, afin de les intégrer dans le système informatique de l’entreprise en les rendant plus accessibles aux différents utilisateurs. Spécifiquement, il a pour mission de:
- Recueillir et analyser les besoins fonctionnels et techniques de chaque projet pour mettre en place une « feuille de route BI » c’est-à-dire une architecture de données solides et efficaces
- Mettre en place des processus informatiques de collecte, d’extraction, d’homogénéisation et d’uniformisation des données (ETL)
- Modéliser et enrichir les data Warehouse (entrepôts de données) et les data marts (magasins de données) dédiés à une fonction particulière dans l’entreprise
- Extraire/Transformer/Charger les données dans le but de produire des rapports ou tableaux de bords lisibles et compréhensibles par les décideurs ;
- Mettre en place des tableaux de bord et développer des indicateurs de performance (KPI) pour le suivi d’activité.
- Accompagner le client tout au long du cycle de vie de ses systèmes BI
Les compétences d’un consultant BI
Dans le but de mener à bien les différentes missions qui leur sont assignées, un consultant BI doit avoir certaines qualités personnelles uniques et des compétences techniques spécifiques pouvant lui permettre d’être à la hauteur dans ses interventions.
Ses compétences techniques reposent principalement sur la maîtrise des techniques et des technologiques de la Business Intelligence, à savoir :
- Construire et faire évoluer d’un Data Warehouse : un consultant BI doit être capable de développer un entrepôt de données pour uniformiser les données de tous les processus métier de l’entreprise. C’est le point de départ de la BI. Le consultant doit maîtriser les différentes approches de construction du Datawarehouse, notamment l’approche Top down de Kimball, l’approche Bottom Up ou Data mart de Ralph Kimball, et les différents modèle de construction d’une couche sémantique pour stocker la donnée. Dans cette fonction, il doit également être capable de faire évoluer le Data warehouse qu’il a bâtit, ce qui necessite la maîtrise de certains concepts comme le Slowly Changing Dimension.
- Maîtriser les processus ETL : pour pouvoir collecter les données des systèmes opérationnels, et construire le Data Warehouse, il est indispensable de savoir développer des routines informatiques qui vont se connecter à divers types de sources (bases SQL, NoSQL, format XML, format JSON, etc.). Le consultant BI doit être capable de développer des connecteurs qui vont se connecter à différents sources et format de données et les collecter pour stockage. Pour ce faire, il doit maîtriser l’utilisation de logiciel particulier qu’on appelle les ETL (Extract Transform & Load). Des exemples de tels logiciels incluent Informatica, Talend, ODI, SSIS, Stambia.
- Maîtriser les cubes OLAP : dans certains cas de figure, l’entreprise a besoin d’effectuer des pré-calculs pour favoriser la livraison rapide des reporting. Pour ce faire, elle va créer une couche sémantique sur laquelle elle bâtira des agrégats. Ces agrégats seront utilisés par la suite pour construire des tableaux de bord. Le consultant BI doit au moins maîtriser un cube OLAP, par exemple Hyperion ESSBASE, Microsoft PowerPivot, Microsoft SSAS.
- Maîtriser les bases de données : le consultant business intelligence doit avoir une connaissance poussée des bases de données, leur cycle de vie et le fonctionnement des SGBDR. Les méthodes comme MERISE, UML, les MCD, les MPD, sont des outils à maîtriser. En matière de SGBDR, il est bon de connaître très bien au moins une solution, par exemple SQL Server, Oracle ou MySQL.
- Maîtriser le SQL : le SQL est le langage utilisé pour interroger les bases de données relationnels. Le consultant décisionnel doit absolument maîtriser le SQL.
- Maîtriser la construction des tableaux de bord et les KPI : le but ultime du traitement de données est de fournir aux décideurs de l’entreprise des tableaux de bord pour leur aider dans le suivi de gestion. La pertinence des tableaux de bord elle-même dépend des indicateurs de performance qu’ils présentent. Le consultant business intelligence doit être capable de développer des tableaux de bord, calculer des KPI et les présenter de manière à ce que cela soit agréable à utiliser pour les leaders de l’entreprise. Pour cela, le consultant aura besoin de maîtriser des outils spécifiques de reporting comme IBM Cognos, Microsoft SSRS, QlikView ou des outils de Data visualisation comme Tableau Software.
En dehors de ces « tech skills« , le consultant business intelligence doit également être doté de soft skills, notamment :
- Etre doté d’un esprit de synthèse ;
- Etre capable de mettre ses interlocuteurs en confiance et de fédérer les utilisateurs aux outils qu’ils intègrent ;
- Savoir faire face aux imprévus ;
- Être rigoureux, polyvalent, bon communicant et avoir un esprit de synthèse.
- être capable de bien gérer les diverses étapes de conduite de changement, car la mise en place d’une chaîne BI entraîne de profonds changements que les utilisateurs de l’entreprise peuvent être réticents à adopter dans un premier temps
Quelles formations pour devenir consultant BI ?
Maintenant que vous connaissez les compétences que doit posséder un consultant BI digne de ce nom, il ne vous reste plus qu’à identifier les formations qui vous permettent d’atteindre votre but.
La formation à suivre dépend de votre niveau de base et de vos objectifs sur le long terme. Les 2 voies royales ce sont, soit un DUT STID, soit alors un Master SIAD. Commençons par les DUT (Diplôme Universitaire et Technologique).
Le DUT est la voie la plus simple. Il s’agit d’un diplôme universitaire que vous obtenez en seulement 2 ans post-bac. Voici quelques DUT spécialisés dans la BI :
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle orientation Cybersécurité de l’IUT de Clermont Ferrand : la particularité de ce DUT est qu’il enseigne l’application des statistiques et les techniques informatiques de traitement de données à la cybersécurité. Ainsi, si vous souhaitez travailler en tant que Consultant BI dans le secteur de la cybersécurité, ce DUT peut vous intéresser.
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’Université de Grenoble
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’IUT de Vannes
- Le BUT Statistique et informatique décisionnelle de l’université Paris Sorbonne
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’université de Paris Descartes
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’université Lumière Lyon : ce DUT a la particularité de s’effectuer en 3 ans, au lieu de 2 comme en DUT normal.
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’IUT de Lille
- Le DUT Statistique et informatique décisionnelle de l’Université de Metz
Si vous souhaitez aller plus loin ou si vous êtes en cours de réorientation, vous pouvez suivre un Master SIAD (Système d’Information & Aide à la Décision).
- Le Master Économétrie et Statistiques Appliquées de l’Université d’Orléans
- Le Master Exploration Informatique des Données et Décisionnel de l’Université de Paris-13
- Le Master Informatique Décisionnelle – parcours Data Science de l’Université de Lille 1
- Les Masters MIAGE
Vous pouvez aussi vous initier à la partie Big Data du décisionnel avec nos formations et nos trois ouvrages en la matière :
- Hadoop Devenez opérationnel dans le monde du Big Data : pour développer les compétences de base du Big Data
- Maîtrisez l’utilisation des technologies Hadoop : pour développer les compétences de base sur les l’écosystème des technologies principales du Big Data.
- Big Data Streaming : l’ouvrage pour développer les compétences de base des problématiques des données produites au fil de l’eau.
- Catalogue de formation des éditions Juvénal & Associés
Le Salaire du consultant BI
Comme tous les métiers de la Data, le salaire d’un consultant BI est très intéressant et varie en fonction des compétences spécifiques acquises sur la chaîne décisionnelle (un consultant BI spécialisé sur les ETL n’a pas la même rémunération qu’un consultant spécialisé sur les cube OLAP ou un autre spécialisé dans la construction des Data Warehouse), de l’industrie des clients dans laquelle il intervient, de son niveau d’expérience et beaucoup de son degré de spécialisation dans une technologie précise (par exemple un consultant SAS n’a pas le même salaire qu’un consultant Informatica, ni qu’un consultant Tableau, ou Microsoft, etc.).
Ayant de l’expérience dans ce métier, je vous recommande de vous spécialiser à 2 niveau pour démarrer sereinement votre carrière :
- au niveau méthodologique : choisissez une étape de la chaîne décisionnelle et spécialisez-vous à l’intérieur. Par exemple vous pouvez décider de vous spécialiser uniquement sur les ETL. Vos compétences auront ainsi une plus grande valeur marchande que si vous entrez dans le marché en tant que consultant décisionnel classique
- au niveau technologique : une fois que vous avez choisi l’étape de la chaîne BI dans laquelle vous vous spécialiserez, spécialisez-vous dans une solution éditeur (passez même des certifications si vous le pouvez). Par exemple, si vous avez choisi de vous spécialiser sur les ETL, spécialisez-vous sur Informatica, ou ODI. Cela a une plus grande valeur marchande qu’un consultant BI généraliste. Par contre, faites attention au choix de la solution éditeur dans laquelle vous souhaitez vous spécialiser, car la valeur de vos compétences sur le marché dépendra alors de la position de cet éditeur sur le marché dans le temps.
Généralement, un consultant en Business Intelligence en début de carrière, peut percevoir un salaire brut moyen avoisinant 40k € par an. Cependant, en fonction de la taille des projets gérés et d’autres paramètres cités ci-haut, ce montant peut facilement s’échelonner jusqu’à 65k € par an en fin de carrière.
Selon les estimations sur Glassdoor, le salaire moyen national pour un consultant Business Intelligent en France est de 41 877 € par an ; le plus bas salaire est de 32 k € tandis que celui le plus haut est de 54 k €. Ces estimations sont basées sur 201 salaires enregistrés au moment de la publication de cette chronique.
En allant plus loin, si nous prenons les estimations faites sur Talent.com, le salaire médian pour les emplois Business intelligence en France est de 50k € par an. Les débutants perçoivent un salaire d’environ 20k € par an, alors que les travailleurs les plus expérimentés gagnent jusqu’à 54 k €.
Attention !! Les salaires diffèrent de façon considérable entre les pays et les villes. Alors, pour avoir une meilleure estimation en tant que consultant BI, visitez ces deux sites et effectuez une recherche en tenant compte de votre position géographique.
Évolution de carrière possible d’un consultant BI
Le métier de consultant Business Intelligence est un métier de plus en plus demandé dans les grands groupes mais également dans les PME. Il s’agit d’un poste qui regorge d’énormes évolutions de carrière.
Le consultant BI occupe un poste de consultant BI junior au début de sa carrière. Après quelques années, il peut être promu à un poste de consultant BI senior ou se concentrer sur un domaine spécifique. Il peut également devenir formateur pour d’autres consultants ou clients BI ou évoluer en tant que chef de projet décisionnel. Il peut également à un moment donné choisir de s’orienter vers les métiers du Big Data, notamment le métier de Data Enginer.
Doté de compétences techniques, il peut travailler en tant qu’expert technique ou en gestion de projet, en construction de système d’information ou en tant que responsable de l’urbanisme.
Nous voilà au terme de notre chronique. Nous espérons vous avoir fourni le nécessaire pour vous lancer dans le métier de consultant BI et y faire carrière. Cliquez sur le lien suivant pour télécharger notre livre numérique sur les technologies de l’écosystème Hadoop et être enregistré parmi nos lecteurs.