Un data center est une expression anglaise qui signifie « centre de données » ou centre informatique plus vulgairement. C’est un lieu physique regroupant les équipements du système informatique d’une entreprise tels que : les ordinateurs, les serveurs, le stockage redondant RAID, les équipements réseaux et télécommunications, etc.

Dans le cadre du Big Data, le data center est généralement le lieu où l’entreprise va héberger ses différents clusters informatiques.

Il peut être exploité en interne ou en externe, avec le soutien de prestataires de services. Il fournit des services informatiques dans un environnement très contrôlé, très sécurisé et tolérant aux pannes.

Cependant, malgré ses enjeux critiques aujourd’hui à l’ère du digital, les data centers posent de sérieux problèmes environnementaux majeurs, à tel point que tous les ans, plus de 178 pays se réunissent dans le cadre de la COP (Conférence des parties – de Paris) pour trouver des solutions concrètes contre ses effets.

Dans cette chronique, nous allons vous expliquer en profondeur la définition d’un data center,  la façon dont il fonctionne, et ses enjeux environnementaux.

Qu’est-ce qu’un Data center ?

Lorsqu’on parle de Data center, vous devez retenir 2 choses.

La première chose est que le data center est un lieu dans l’espace dans lequel repose l’infrastructure informatique d’une entreprise. En général, les entreprises qui ont un système informatique si large qu’il nécessite un data center sont généralement des entreprises qui effectuent des traitements à large échelle de données (comme les GAFA – Google, Amazon, Facebook, Apple; la NASA, les centres météorologiques, les entreprises d’ecommerce de large taille), ou des entreprises dont le principal modèle économique repose sur la vente des ressources informatiques à d’autres entreprises (comme les entreprises d’hébergement web telles que OVH, O2SWITCH; les fournisseurs Cloud comme Amazon, Google, Microsoft, etc.).

La seconde chose est que le Data Center quoique étant un lieu physique, est la partie Hardware du système d’information d’une entreprise. Il dispose d’ordinateurs organisés en casiers, bande passante et matériel réseau (switch, commutateurs, fibre optique, câbles RJ45, etc…), disques durs, et mécanismes redondants (systèmes RAID, réplication géographique, répartisseurs de charges, etc.) sur lesquels s’appuient l’ensemble des Software (logiciels) de l’entreprise pour fonctionner.

Voyez le Data Center comme le Palais présidentiel de l’Elysée par exemple. Lorsqu’on parle de l’Elysée, on ne fait pas juste référence au palais dans lequel est logé la personne qui représente la plus haute juridiction du pays, mais on parle d’abord et avant tout du siège du Pouvoir exécutif du pays. Il en est de même pour le Data Center !

Pour une entreprise, regrouper son système informatique dans un data center présente de nombreux avantages, que nous expliquons dans ce tableau.

Avantage

Détail

Importance

Source d’économie financière

Pour une entreprise, organiser son système informatique dans un centre de données permet de réduire les coûts d’exploitation (espace, puissance, connectivité, dissipation thermique, etc.), car l’entreprise n’a pas à dépenser séparément pour l’infrastructure de chaque processus métier de son activité. Le Data center permet de mutualiser les coûts de logiciels, de licences, de construction et de maintenance du centre de données. 

Effets d’échelle et facilité d’administration

La mutualisation du système informatique dans le centre de données permet à l’entreprise de disposer des effets d’échelles sur la puissance de calcul et les équipements à disposition. Le principe d’un centre de données est le même que celui d’un cluster informatique. La puissance combinée de plusieurs ordinateurs fournit 30 fois plus de puissance que si on travaille avec les 30 ordinateurs pris séparément. Nous expliquons cet effet de synergie en profondeur dans notre ouvrage Hadoop – Devenez opérationnel dans le monde du Big Data

De plus, en hébergeant ses machines dans un data center, l’entreprise a un meilleur contrôle sur sur son infrastructure puisque son administration peut être centralisée. 

Sécurité optimale

Les centres de données permettent aux entreprises de bénéficier d’une infrastructure de haute qualité, et d’obtenir une sécurité optimale. Ces infrastructures permettent une meilleure conformité réglementaire et une meilleure protection des données.

Plus que les logiciels, les entreprises vont stocker et traiter les données générées par leurs activités dans le data center, ce qui fait que celui-ci est vital pour le fonctionnement de l’entreprise.

A cause de cette importance cruciale, les data centers sont des sites physiques ultra-sécurisés. Ils doivent fonctionner sans interruption, 24h/24, 7j/7 pour assurer le déroulement normal de l’ensemble de l’activité de l’entreprise.

Imaginez juste l’impact pour des millions de personnes lorsque les data centers qui gèrent leur service de messagerie sont interrompus. Ce sont des millions de personnes privés de la capacité de communiquer !

Les Data center sont donc devenus des composants vitaux pour les activités de notre monde numérique actuel. Les besoins de stockage, l’émergence du Cloud et le boom des activités générées grâce à Internet (comme le e-commerce, la réalité virtuelle, les objets connectés) accentuent ce rôle crucial et provoquent une augmentation du nombre de centres de données dans le monde.

Carte de localisation des Data center à Paris et dans le monde

D’après des études menées par Data Center Map, on compte plus de 4500 data centers à travers le monde, répartis dans 122 pays dont plus de 1800 aux États-Unis. On estime leur nombre en France à 156 dont 56 en Île de France. Suivent ensuite, les régions Nord-Pas-de-Calais (16) PACA et Pays de la Loire (12) et Rhône-Alpes (11).

carte des data centers dans le monde
Figure : carte des data center dans le monde dressée par Data Center Map

Une autre étude très approfondie menée par Xerfi avait même prévue qu’il y aurait 200 centres de données en France en 2020. Selon ces estimations, la France est désormais le quatrième pays européen après la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Pays-Bas disposant d’un nombre important de centres de données.

De toute façon, lorsqu’on regarde la carte dressée par Data Center Map, on a aucune difficulté à s’apercevoir qu’à ce jour, l’Europe contient la plus grande concentration des Data Center dans le monde. C’est vrai que c’est paradoxal avec les chiffres. C’est en fait parce que ce que cette figure ne tient pas compte des Data Center des fournisseurs Cloud. Lorsqu’on tient compte des data centers dédiés à l’usage du cloud, on obtient cette carte :

carte des data centers des fournisseurs cloud
Figure : carte des data center des fournisseurs cloud dans le monde dressée par Data Center Map

Vous voyez qu’en croisant ces 2 figures, on réalise facilement que l’Amérique compte la plus grande concentration des data centers de la planète, plus précisément la Californie abrite la plus forte concentration de data centers des États-Unis, avec un peu plus de 300 sites. En Europe, c’est Londre qui détient la palme d’or du nombre de data center urbains avec un peu plus de 300 sites (337 pour être exact).

Avant de nous attarder en détail sur la consommation en énergie et les effets néfastes des data centers, voyons en détail comment il fonctionne.

Comment faire fonctionner un centre de données ?

Le fonctionnement d’un data center repose sur 6 grands critères principaux.

#1 – la superficie de la salle

D’abord la salle. La salle qui fait office de centre de données doit être très vaste pour accueillir toutes les machines, les appareils et les hardware du système informatique de l’entreprise. Pour vous donner une idée du nombre de machines présentes dans un data center, nous allons prendre le cas d’OVH. Sur son data center installé à Beauharnois, dans la banlieue de Montréal, l’entreprise dispose de 360 000 serveurs ! En France, l’hébergeur totalise 100 000 serveurs !

Le nombre de machines présentes dans un centre de données varient en fonction du cas d’usage et de la taille de l’entreprise qui l’exploite, mais en règle générale, on n’est sur pas moins 5000 serveurs pour le plus petit data center. La salle doit donc être suffisamment grande pour contenir tout cet équipement.

Pour vous donner une idée de la superficie nécessaire pour un data center, voici quelques chiffres : le data center d’OVH à Beauharnois s’étend sur 60 000 mètres carrés. Cela n’est rien par rapport à la superficie du plus grand data center en région EMEA (celui de Portugal Telecom) avec 75 000 mètres carrés à Covilha au Portugal, qui lui même n’est rien en comparaison avec le plus grand data center au monde (Langfang, Chine) avec sa superficie de près de 600 000 mètres carrés !

Chiffre intéressant : Il y a environ 5 009 147 data centers dans le monde, occupant quelques 42 518 700 mètres carrés, soit environ 5 955 terrains de football !

Bon, après il faut quand même préciser qu’un data center n’est pas déterminé par sa taille physique. Les petites entreprises peuvent utiliser une petite pièce dans laquelle plusieurs serveurs et espaces de stockage interconnectés sont juxtaposés.

#2 – une source d’alimentation en électricité

Le second critère fondamental c’est l’alimentation en électricité. En effet, les data centers sont parmi les plus gros consommateurs d’électricité au monde. Selon le réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation d’énergie des data centers a atteint 3 TWh en 2015, soit 8% de la consommation énergétique nationale en 2016. On estime qu’un seul centre de données consomme autant d’énergie que 30 000 habitants européens.

Il est également estimé qu’un data center moyen (autour de 30 000 serveurs), consomme 100 fois plus d’électricité qu’un grand immeuble commercial, tandis qu’un data center de grande taille consomme l’équivalent d’une petite ville des États-Unis.

Pour cette raison, il est indispensable qu’un data center soit construit à proximité d’un barrage hydro-électrique, ou de préférence près d’un lac, une mer ou une source d’eau abondante. Ceci nous fait immédiatement enchaîner sur le troisième critère.

#3 – une source de refroidissement

Les machines installées dans un data center génèrent beaucoup de chaleur. Le centre de données doit être refroidi de façon continue pour éviter les risques d’incendie, de pannes et de détérioration de l’infrastructure.

Ces systèmes de refroidissement eux-mêmes consomment beaucoup d’électricité. D’ailleurs, il estimé que  près de 43 % des coûts d’exploitation totaux d’un data center proviennent de l’énergie nécessaire pour l’alimenter et le refroidir.

Encore une fois, le secret c’est d’être proche d’un barrage hydro-électrique, ou de préférence près d’un lac, une mer ou une source d’eau abondante.

Notez qu’il existe 2 techniques pour refroidir les machines dans un data center : soit on peut procéder par ventilation, soit alors on peut procéder par climatisation. La climatisation est plus coûteuse en énergie que la ventilation. 

#4 – Les normes des bâtiments

En théorie, tout espace suffisamment grand peut être utilisé comme centre de données. Cependant, la conception et la mise en œuvre d’un data center nécessite certaines précautions.

Outre les questions fondamentales de coût, de taxes, de situation géographique (proche d’une source d’eau ou d’un barrage hydroélectrique), ou de disponibilité énergétique, le bâtiment du data center doit respecter certaines normes.

Afin de garantir une efficacité énergétique maximale et un impact minimum sur l’environnement, la meilleure solution pour abriter les centres de gestion des données est de faire construire des bâtiments à charpente métallique, un peu comme ceux proposés par l’entreprise ASTRON. Ces bâtiments métalliques sont construits pour protéger les serveurs contre les inondations et les incendies.

Ausi, les bâtiments du centre de données doivent disposer des portes et fenêtres antivol dans la salle des serveurs, d’un puissant système de climatisation et d’un système d’alimentation de secours pour protéger les données en cas de panne d’électricité.

Il faut aussi que l’accès aux bâtiments soit sécurisé.

#5 – La sécurité des bâtiments

Étant donné qu’un data center contient l’actif le plus précieux de l’entreprise, à savoir les données, sa sécurité doit prise très au sérieux !

La sécurité du data center doit être assurée à la fois sur le plan physique et le plan logiciel.

Sur le plan physique, les bâtiments du centre doivent être équipés en portes d’accès sécurisé (authentification par badge) : seul le personnel autorisé peut pénétrer au cœur du centre de données. Le data center doit être sous surveillance vidéo permanente, et l’accès est strictement surveillé par des agents de sécurité.

Étant donné que le risque d’incendie dans le data center est élevé, il est nécessaire de déployer des systèmes de protection incendie. A ce niveau, le bâtiment sera souvent équipé d’un plancher surélevé de 60 cm de hauteur, constitué de tuiles mobile qui permet à l’air de circuler librement et d’acheminer l’alimentation et les données à travers différentes lignes de câble.

Les centres modernes sont généralement équipés de ces deux systèmes d’alarme :

  • de prévention d’incendies : qui visent à détecter les particules chaudes émises par les pièces surchauffées de l’équipement, qui provoquent souvent des incendies. De cette manière, la source d’incendie peut être éliminée ;
  • d‘extinction d’incendies : en cas d’incendie, il est utilisé pour activer un ensemble d’activités. Ces systèmes sont également dédiés à une partie du centre de traitement des données. Combiné avec d’excellentes portes coupe-feu et d’autres équipements de clôture, le feu peut être contrôlé et éteint sans affecter le reste du bâtiment.

Sur le plan logiciel, le data center sera le plus souvent équipé d’un logiciel antivirus et d’un pare-feu pour empêcher les cyberattaques de réussir. Aussi, des patchs de sécurité sont régulièrement appliqués pour renforcer la sécurité.

#6 – Les composants d’un data center moderne

Dans les parties précédentes, nous vous avons montré les éléments indispensables au bon fonctionnement d’un data center. Ici, nous allons les reprendre plus succinctement.

Voici les composants de base d’un data center :

  • Les serveurs
  • Les baies de stockage de données
  • L’architecture réseau : ce sont des routeurs et des commutateurs qui connectent ces éléments entre eux et vers l’extérieur
  • les systèmes de stockage redondant pour assurer la tolérance aux pannes des disques dur
  • la réplication géographique, pour garantir la tolérance du data center entier
  • L’unité de distribution d’énergie avec bloc d’alimentation de secours
  • Le système de climatisation et de refroidissement
  • Le système de protection pour éviter les intrusions informatiques
  • La climatisation qui doit être précise et stable
  • L’extinction automatique des incendies (par micro-gouttelettes ou gaz inerte)
  • Contrôle de la poussière par la filtration de l’air
  • Système perfectionné d’alerte d’incendie
  • Surveillance par caméras en circuit fermé
  • Service de sécurité continuellement présent
  • Contrôle des accès, ainsi que sécurité physique
  • Fibres optiques pour liaisons inter-sites
  • Câbles de paires torsadées de cuivre en Ethernet
  • Plancher surélevé estimée à 60 cm de hauteur par exemple
  • Unité de distribution de l’énergie
  • Conduites pour câbles au-dessus et au-dessous du plancher
  • Bloc d’alimentation d’urgence, et une unité de secours (Générateur)
  • Surveillance (24 heures/24 et 7 jours/7) des serveurs dédiés
  • le pare-feu ;
  • les passerelles ;
  • les routeurs ;
  • les commutateurs ;
  • le système de détection d’intrusion logicielle.

Il y’a des entreprises qui sont spécialisés dans la construction des data centers. Cela signifie que vous leur passez la commande et ils vous livrent un data center prêt à l’emploi, avec les bâtiments sécurisés aux dernières normes, les serveurs, ainsi que l’ensemble des composants du centre. Le leader de ces fournisseurs est actuellement Equinix.

Voilà ! Maintenant que vous savez comment fonctionne un data center, voyons ensemble quelques exemples de data center réels.

Quelques exemples de data center

Google, Amazon et Facebook sont actuellement les plus grand consommateurs de data center, cela de part leur activité ou de part leur modèle économique. Ils disposent par conséquent d’une multitude de centre de données dans nombreux pays à travers le monde entier.

1 – Les Data centers de Google

Google possède près d’une quarantaine de data center dans le monde entier. Environ une vingtaine est située aux USA, le reste étant principalement basé en Asie et en Europe. Sur leur site Google Data center location, l’entreprise indique la localisation de ses data center dans le monde.

localisation des data center de Google dans le monde
Figure : localisation des data center de Google dans le monde

La totalité des data centers de Google représente plus de 900 000 serveurs. Ils assurent en permanence 7J/7 et 24h/24, le fonctionnement de Google, permettent à l’entreprise de répondre aux plus de 3 milliards de requêtes quotidiennes effectuées par les internautes à travers le monde sur leur moteur de recherche, d’indexer les 20 milliards de pages du web, de gérer la communication mail de ses 425 millions d’utilisateurs de sa messagerie Gmail chacun disposant d’un espace de stockage de 10 Go (soit 4,25 « Eo » exa octets), et de gérer ses 800 millions d’utilisateurs qui passent en moyenne 4 milliards d’heures à regarder des vidéos chaque mois.

D’ailleurs, c’est justement pour traiter toutes ces données que Google a mis en place le modèle de calcul parallèle MapReduce, qui est aujourd’hui la fondation du Big Data.

L’entreprise livre dans cette vidéo de 5 minutes, le fonctionnement interne de ses data center. Regardez la vidéo pour vous projeter émotionnellement dans ce que c’est qu’un data center

2 – Les Data center d’Amazon

Pour répondre aux 82 achats qui sont réalisés sur son site toutes les secondes dans le monde entier et fournir les services cloud AWS à ses différents clients, Amazon est l’une des entreprises qui s’est le plus doté de data center dans le monde après Google.

L’entreprise a même ouvert un data center en Afrique, précisément en Afrique du Sud à l’extrême Sud-Ouest du pays.

Le 11 octobre 2018, WikiLeaks  a publié ce qu’il affirme être une liste de tous les Data Centers Amazon Web Services. Au total, la liste regroupe 38 centres en Virgine du Nord, 8 à Seattle, 8 à San Francisco Bay Area, 7 dans l’Oregon, 7 à Dublin (Irlande), 3 au Luxembourg, 4 en Allemagne, 9 en Chine, 12 au Japon, 6 à Singapour, 8 en Australie, et 6 au Brésil.

3 – Les Data center de Facebook

Facebook gère chaque jour plus de 500 To de données, soit l’équivalent du contenu de 20 000 disques Blu-ray simple-couche, qui transitent chaque jour sur ses serveurs. De plus, chaque jour, 2,5 milliards de contenus sont échangés sur le réseau social, 2,7 milliards de boutons « J’aime » sont cliqués, 300 millions de photos sont chargées, et 70 000 requêtes demandées.

Pour gérer ce volume astronomique de données, l’entreprise s’est dotée de nombreux data center dans le monde, dont un à Luleå, la ville située au Nord de la Suède, près du cercle arctique.

En plus de ses nombreux data center, l’entreprise utilise Hive pour analyser l’équivalent de 105 To de données toutes les demi-heures, et un cluster HDFS de 100 PB.

Maintenant vous comprenez très bien la notion de Data center. Nous allons maintenant vous parler de l’impact environnement de ceux-ci, car comme vous le verrez plus bas, les centres de données sont des couteaux à double tranchant, nécessaires pour les activités du Numérique, mais en même temps destructeurs pour l’environnement.

La pollution et l’empreinte écologique des data center

Le réchauffement climatique est l’un des problèmes majeurs de l’ère actuel. Le problème a pris une telle ampleur que plus de 178 pays se sont réunis en 2015 dans le cadre de la COP21 (Conférence des parties) pour trouver des solutions concrètes contre le changement climatique. Nous allons vous montrer l’impact écologique des data center.

Les centres de données : un véritable désastre écologique !

Malheureusement, tout comme l’industrie ou l’aviation, l’informatique fait partie des domaines qui contribuent de façon significative au réchauffement climatique. En effet, selon le rapport Clicking Clean publié le 10 janvier 2017 par Greenpeace, le secteur informatique représente aujourd’hui environ 7 % de la consommation mondiale d’électricité, ce qui représente une consommation moyenne annuelle par ordinateur (et périphériques liés) et par personne estimée entre 361 kWh (Kilo Watt heure) et 878 kWh. En France, cette consommation annuelle électrique représente 13% de la consommation globale d’électricité du pays et 10% du budget des DSI d’entreprises. Cette forte consommation électrique contribue à l’émission des gaz à effets de serre qui concourent à augmenter le réchauffement climatique de la planète.

Selon certaines estimations, les technologies de l’information sont responsables de l’émission d’autant de CO2 dans l’atmosphère que les transports aériens, soit 2% des rejets liés à l’activité humaine. Cela représente quand même quelque 900 milliards de Kg de CO2 ! Soit 4.4 kg CO2/kWh. En France, elles sont responsables de 5% des émissions de CO2 du pays.

Au-delà du réchauffement climatique, l’informatique est également une activité très polluante car les ordinateurs contiennent de nombreuses substances toxiques que la nature ne peut éliminer toute seule : plomb, plast mercure, cadmium, polybromobiphényles, polybromodiphényléthers, qui seront autant de produits agressifs et dangereux pour la santé humaine et l’environnement lors de la fin de vie d’un ordinateur.

Plus encore, les ordinateurs génèrent une quantité importante de Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) toxiques chaque année. En 2010, ces DEEE étaient estimés à 50 millions de tonnes au niveau mondial et 75 millions de tonnes en 2014. En France, cela représente plus de 24 kg de déchets par an et par habitant, dont moins de 15 % sont collectés et recyclés.

Malheureusement, l’expansion des services en ligne, le cloud et l’arrivée du Big data favorisées par Internet et les appareils mobiles, ont entraîné une hausse de la demande des data center dans le monde (et par ricochet une hausse de leur empreinte climatique). Comme nous vous l’avons dit précédemment, d’après les études menées par Data Center Map, on compte actuellement 4500 data centers à travers le monde.

Or les data center sont de grosses sources de consommation d’électricité, ce qui favorise le réchauffement climatique. On estime qu’un seul centre de données dépense autant d’énergie que 30 000 habitants européens.

Selon le réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation d’énergie des data centers a atteint 3 TWh en 2015, soit 8% de la consommation énergétique nationale en 2016. Elle est quittée de 200 térawattheures (TWh) en 2018 pour monter à 500 TWh en 2020. Il est important de noter que cette consommation électrique est susceptible de doubler tous les quatre ans compte tenu de la demande soutenue des centres de données qui ne cesse de croître d’année en année à cause des exigences de notre monde numérique. D’ailleurs, les derniers calculs estiment qu’en 2020, les centres de données de l’Union Européenne à eux seuls ont utilisé 104 TWh.

Qu’est-ce qui consomme le plus d’énergie dans un datacenter ?

En réalité, l’énorme consommation d’énergie des centres de données est principalement due à la façon dont ils utilisent les combustibles fossiles. Surtout pour le refroidissement des serveurs. En effet, on estime que 40% de la consommation électrique du data center est liée à son système de climatisation.

Pour être plus précis, le coût de consommation électrique d’un data center représente 60 à 70% de ses coûts d’exploitation. La dépense énergétique provient principalement de 2 choses :

  • les serveurs et dispositifs annexes (systèmes de stockage redondants RAID, systèmes de répartition de charge, CPU) qui doivent toujours être alimentés en énergie.
  • les systèmes de climatisation et de refroidissement, extrêmement énergivores (environ 60% des coûts énergétiques du centre de données). Les serveurs lors du traitement intensif de données émettent beaucoup de chaleur. Or celle-ci endommage le serveur et réduit son espérance de vie, ce qui provoque des risques de panne permanent au sein du centre de données. Il faut donc impérativement un système de refroidissement très efficace pour maintenir la température de toutes les machines du data center en dessous d’un seuil minimal.

Le site Energies & Innovation a réussi à établir en pourcentage la consommation d’énergie dans un data center pour chaque composant. La figure suivante illustre la part de consommation d’énergie dans un data center.

Qu'est-ce qui consomme le plus d'énergie dans un datacenter ?
Figure : répartition de la consommation d’énergie dans un data center.

Quels solutions pour rendre les data center plus « green » ?

Considérez ces faits :

  • La consommation en énergie de chaque selfie publié sur Instagram équivaut à trois ampoules de faible puissance de 20 watts allumées pendant une heure.
  •  Les émissions générées juste en regardant 30 minutes d’une série Netflix est identique à la conduite en véhicule sur presque 5 km !
  • Lorsqu’un internaute réalise deux requêtes sur le moteur de recherche de Google, cela générerait 14 grammes d’émissions de carbone, soit l’équivalent de l’emprunte énergétique d’une bouilloire électrique ! Sur la base de cette étude, les 100 milliards de recherches mensuelles seraient responsables, à elles seules, de 8 400 tonnes de gaz à effet de serre émis en une année !

Face à ce type de dégradation écologique, que peut-on faire ? Selon nos recherches et notre expérience, il existe 2 techniques simples pour réduire l’empreinte écologique des centres de données : la virtualisation et le free cooling.

Réduire l’empreinte écologique des centres de données grâce à la virtualisation

La virtualisation est un moyen efficace pour réduire l’empreinte écologique, économique, et sociale des technologies de l’information et de la communication (TIC) en général, et des data center en particulier. A la différence des machines physiques, les machines virtuelles ne consomment pas d’électricité, n’ont pas besoin de refroidissement et n’occupent physiquement aucun espace. Il s’en suit donc une réduction de consommation électrique, une réduction des déchets d’équipements électriques et électroniques et par conséquent une réduction du niveau de CO2 dégagé dans l’atmosphère.

Les machines virtuelles s’appuient sur l’ordinateur hôte pour fonctionner. Donc théoriquement, son coût électrique est nul. Bien que la consommation électrique du serveur hôte augmente avec le nombre de machines virtuelles qu’il héberge, celle-ci reste toujours très faible par rapport à ce qu’elle serait si plusieurs ordinateurs physiques avaient été achetés à la place des machines virtuelles. Cette faible consommation entraîne également une baisse des coûts de maintenance puisqu’étant donné que les machines virtuelles ne dégagent pas de chaleur, les achats en radiateurs pour refroidir la salle sont nuls. Tout cela produit un effet bénéfique sur notre environnement. Pour plus de détails sur la virtualisation, nous vous recommandons de lire cet article : Déployer Hadoop dans le Cloud

Le free cooling à la rescousse des data center !

Dans le diagramme en camembert précédent, vous avez pu voir que 43% de la consommation d’un data center vient du système de refroidissement. Alors, déjà une première source de réduction de coûts et de réduction d’empreinte énergétique en matière de refroidissement est de privilégier la ventilation à la climatisation, car le refroidissement par climatisation consomme beaucoup plus d’énergie que le précédent.

Une autre stratégie simple consiste à construire le centre de données dans les pays nordiques pour profiter de l’air frais extérieur, ou même de l’eau d’un lac ou de l’océan, même dans l’Arctique. Ce procédé « gratuit » est appelé free cooling ou de refroidissement naturel pour la climatisation de la salle des serveurs. C’est ainsi que Facebook a établi ses centres de données en Suède, et Google en Finlande. Très Astucieux !

En dehors de ces 2 solutions, il y’a également 2 pistes qui sont très intéressantes, et qui sont de plus en plus privilégiées par les entreprises : l’utilisation d’énergies renouvelables et l’installation de systèmes de récupération d’énergie.

En effet, certains centres de données sont entièrement alimentés par des combustibles non fossiles et la chaleur qu’ils émettent est réutilisée pour le chauffage des bâtiments ou pour produire de l’eau chaude. L’idée est d’exploiter pleinement la chaleur émise par les serveurs pour la transformer en radiateur. Par exemples :

  • OVH chauffe ses locaux à Roubaix uniquement via la récupération de chaleur de ses data centers.
  • Le parc d’activités du Val d’Europe alimente son réseau de chauffage urbain grâce à un data center situé non loin.
  • Les GAFA (acronyme pour Google, Apple, Facebook et Amazon) ont décidé depuis quelques années déjà, d’opter pour l’utilisation de l’énergie renouvelable dans leurs data center ( l’énergie solaire ou énergie photovoltaïque).

En appliquant ces stratégies simples, les entreprises peuvent contribuer à significativement réduire la pollution et la dégradation environnementale engendrées par leurs data center.

Alors, selon vous, face au désastre écologique entraîné par les data center, doit-on arrêter de les utiliser ? Laissez votre avis ci-bas.


Juvénal JVC

Juvénal est spécialisé depuis 2011 dans la valorisation à large échelle des données. Son but est d'aider les professionnels de la data à développer les compétences indispensables pour réussir dans le Big Data. Il travaille actuellement comme Lead Data Engineer auprès des grands comptes. Lorsqu'il n'est pas en voyage, Juvénal rédige des livres ou est en train de préparer la sortie d'un de  ses livres. Vous pouvez télécharger un extrait de son dernier livre en date ici : https://www.data-transitionnumerique.com/extrait-ecosystme-hadoop/

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