Vous avez compris le titre de notre chronique. Une mania (folie) est en cours dans le marché du Big Data. Restez sur vos gardes !!!! Vous reconnaissez cette figure ? C’est la figure de l’emblématique bulle spéculative des tulipes qui a eu lieu de 1634 à 1637. La politique inflationniste de la FED et de la BCE traduite par une baisse du taux d’intérêt et le Quantitative Easing sur une longue période favorise actuellement la spéculation. De nombreux projets des entreprises aujourd’hui sont spéculatifs. Et cette spéculation est atteindre des proportions similaire à celle de la tulipemania des années 1634. Je crains que si nous ne nous rappelons pas du principe libéral de prospérité nationale, nous courons tous droit à la même catastrophe que celle de la tulipemania. Dans cette chronique, nous vous expliquerons la « big data mania » et comment s’y prémunire.
Avant le grand crash boursier de 1929, l’humanité a connu un crash bien plus dévastateur : celui de la tulipe hollandaise…. Lorsqu’on analyse ces crash et on retrace leur l’origine, on se rend compte qu’ils provienne tous de la même raison : l’avidité exacerbée, l’envie de gagner de l’argent sans offrir un service/produit équivalent.
Le même phénomène est en train de se produire aujourd’hui dans le marché du Big Data. En effet, c’est de plus en plus visible que le Big Data est la niche du marché de l’IT la plus rentable actuellement et dans les années à venir. Cela n’a pas échappé aux ESN (anciennement SSII), aux cabinets de recrutement, aux investisseurs dans l’IT, aux éditeurs, aux opportunistes, aux investisseurs saisonniers et aux malhonnêtes.
Si vous êtes salariés ou consultants dans une SSII, vous avez constaté le décalage salarial entre vous et les personnes qui travaillent sur les missions Big Data ; si vous êtes freelances, vous avez constaté que les TJM sont très stables dans toutes les missions data (Java, Business Intelligence, ETL, Data visualisation, Informatica, Business Object, Talend, Microsoft, SAP, Oracle, etc….). Même dans des niches spécifiques telles que Informatica, Oracle ou encore SAP, les TJM sont capés en fonction de l’expérience et clairement définis. Cela s’explique en partie par le fait que ces marchés ont atteint la maturité, c’est-à-dire un point où les projets sont maîtrisés par les entreprises, et le nombre de missions est plus ou moins égal au nombre de consultants disponibles. Dans ce type de conditions, il est extrêmement difficile, voir quasi impossible d’obtenir un TJM supérieur à la moyenne du marché.
Par contre, dans le marché du Big Data, c’est différent ! Les entreprises ressentent une insuffisance de plus en plus prononcée de leurs systèmes existants et ont besoin d’aide pour valoriser leurs données et intégrer les technologies du Big Data (Hadoop, Spark, Kafka, etc…) dans le paysage de leur système d’information. D’autant plus qu’à ces problèmes, elles rencontrent une pénurie à recruter des profils vraiment qualifiés et expérimentés. Conséquence : un boom de la demande des profils du Big Data, spécialement les profils de Data Engineer, de DevOps/Cloud, d’Intégrateur et d’Architectes.
Juvénal, où est la mania dont tu parles dans le marché du Big Data ?
J’y viens. Lorsqu’il y’a un boom de la demande et une rareté des profils, les salaires de ces profils augmentent. Autrement dit, lorsque le nombre de missions/postes disponibles excède de loin le nombre de profils qualifiés disponibles, les salaires de ces profils montent selon le principe d’une vente aux enchères : les entreprises les plus offrants en matière de salaire/TJM s’offrent le peu des meilleurs profils disponibles et c’est là où la mania intervient !
Le terme “mania“, est une traduction latine de “folie“. Dans le marché de l’IT en général, une entreprise va rarement recruter directement les profils dont elle a besoin. Elle fait le plus souvent appel à des intermédiaires (Cf. les SSII ou ESN) qui répondent à des appels d’offre. Donc, dans la plupart de temps, vous êtes recrutés par des SSII et placés en mission chez l’entreprise.
Lorsque la demande d’un profil est particulièrement importante, comme c’est le cas en Big Data actuellement, au niveau des SSII, cela a tendance à créer de la spéculation. Les cabinets entrent dans une guerre de salaire (par référence à “guerre de prix”) dans laquelle le cabinet le plus offrant en termes de salaire/TJM réussit à recruter le profil. La spéculation intervient au niveau du fait que de nombreux cabinets sont prêts à offrir des salaires très élevés, quitte à rogner sur leur marge. En d’autres termes, à payer le profil plus cher que cela lui rapporte à moyen terme dans une perspective de récupérer et faire des bénéfices dans le futur. Du coup, on se retrouve vite sur le marché avec des salaires/TJM qui n’ont plus rien avoir avec les compétences réelles du profil recruté (c’est ça qu’on appelle la spéculation). Ces cabinets sont prêts à payer de façon exagéré les profils simplement parce qu’ils font l’hypothèse que la demande présente élevée dans les entreprises le sera dans le futur (ce qui est vrai en l’occurrence). Ils pourront donc rapidement récupérer leur investissement (oui, le salaire que vous verse une SSII est un investissement pour elle) et faire des bénéfices très importants (en peu de temps).
C’est exactement ce type de raisonnement généralisé qui a causé la crise financière de 2008. La baisse des taux d’intérêt a entraîné une mania chez les individus, qui se sont mis à emprunter pour acheter des maisons qui coûtaient plus cher que leur valeur normale, dans la perspective de les revendre plus tard, faisant l’hypothèse que le prix de ces maisons iront toujours à la hausse. Malheureusement, ce que ces individus n’avaient pas compris c’est que la hausse de la valeur des maisons n’était pas réelle, elle était provoquée par les banques (en l’occurrence par une baisse du taux d’intérêt que les banques pouvaient à tout moment relever). Et c’est ce qui s’est passé. Plus tard, les banques ont réajusté les taux d’intérêt à la hausse, augmentant par là les mensualités dues sur les crédits des maisons. La suite, on la connaît… De nombreuses familles se sont retrouvées avec des maisons qui leur coûtaient plus chers que ce qu’elles gagnaient en revenu, les forçant ainsi à les revendre à un prix largement en dessous de leur prix d’achat déclarer faillite. Cette faillite à son tour a plombé le bilan des banques et a entraîné un effet domino mondial…
Quel est notre point ?
Notre point est de vous appeler de toute urgence à développer les compétences stratégiques nécessaires pour être préparé quelque soit la direction que le marché IT prendra. En temps de récession, nous les êtres humains sont très souvent à chercher des raccourcis. En effet, que se passerait-il si pour une raison ou une autre, les entreprises gelaient soudainement leurs projets Data ? D’expérience, nous savons que lorsque les entreprises rencontrent la moindre difficulté financière, les premiers à se “faire dégager” dans la DSI ce sont tous les consultants qui ne travaillent pas sur le run (la mise en condition opérationnelle, le support, la production) ou les projets dont la valeur financière est quantifiable sur le court terme. Les cabinets seraient-ils en mesure de continuer à payer les salariés big data qu’ils ont mis autant d’argent pour recruter ? C’était une question rhétorique, la réponse est non ! Bien évidemment ! Et ses salariés existants qui sont dans d’autres domaines, pourraient-ils les conserver ? Tout dépendra de l’état de leur bilan à ce moment-là, mais dans tous les cas de figure, un plan de contraction de la masse salariale sera obligatoire pour s’en sortir (cf. suppression salariale de postes à la Société Générale ; suppression de postes à la BNP ; redressement judiciaire Thomas Cook)
Faites donc attention ! Ce type de bulle comme toute autre, finit par exploser. Et lorsque c’est le cas, il y’a des perdants (des personnes qui deviennent pauvres), mais il y’a aussi des gagnants (des personnes qui deviennent très riches). Vous savez ce qu’on dit : « Le taureau vient par les escaliers, mais l’ours s’enfuit par la fenêtre » ! Autrement dit, la chute est plus rapide lors qu’on est pas préparé.
Dans notre projet DTN, nous pensons que la véritable sécurité de l’emploi vient à partir du moment où on sait également évaluer les dynamiques du marché dans lequel on opère, identifier ses opportunités, les saisir et être préparé à n’importe quelle direction il prendra. Vous devez prendre le temps de développer les compétences nécessaires pour travailler dans le Big Data, comme dans tout autre domaine, et celà prend du temps ! Ne cherchez pas à prendre des raccourcis. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons rédigé l’ouvrage Hadoop – Devenez opérationnel dans le monde du Big Data.
Être très bon techniquement n’est pas suffisant pour travailler dans le Big Data. C’est certes suffisant pour être embauché comme consultant dans une SSII ou une entreprise, mais ce n’est pas suffisant pour RÉELLEMENT saisir les opportunités qu’il a à offrir. En plus de la technique et technologie, vous devez posséder des aptitudes stratégiques (capacité à lire le marché, à anticiper les tendances, à être préparé), des aptitudes communicationnelles (capacité à attirer les missions qui correspondent à votre profil, la capacité à se présenter efficacement), des aptitudes négociationnelles (capacité à collaborer avec les acteurs du marché, l’intelligence émotionnelle nécessaire pour négocier le salaire/tjm qui correspond à la valeur que vous créez) et des aptitudes financières (l’intelligence financière nécessaire pour gagner et conserver légalement le maximum d’argent généré par votre activité de consultant Big Data).
La politique inflationniste de la FED et de la BCE a favorisé une grosse spéculation. Aujourdh’ui, de nombreux individus investissent dans des startups qui ne font aucun profit, des entreprises investissent sur de nombreux projets sur lesquels la demande n’a pas été déterminée… De nombreux de ces projets sont spéculatifs. Tous ces signes montrent qu’une mania est en cours. Soyez donc prudents et ne vous laisser pas entraîner dans la bulle spéculative formée par le marché du Big Data, ni par n’importe quel autre marché (que ce soit celui de l’immobilier, des marchés financiers, du FOREX, ou encore des cryptomonnaies, etc).
Au risque de rappeler ce que nous savons déjà tous, le message que nous souhaitons passer à travers cette chronique est que : la politique inflationniste de la BCE, caractérisée par la baisse prolongée des taux d’intérêts ne doit pas nous faire perdre de vue que le seul moyen éthique de prospérer financièrement sur le long terme pour un individu comme pour une nation c’est de répondre à un besoin ou à un problème pour lequel les gens sont prêts à payer pour résoudre. Cela demande des compétences, qui à leur tour vont vous demander du temps et beaucoup d’efforts à développer. Nous avons rédigé l’ouvrage Hadoop – Devenez opérationnel dans le monde du Big Data pas pour les spéculateurs, mais pour les personnes qui sont prêtes à travailler dur pour développer l’expertise nécessaire pour aider les entreprises à valoriser leurs données.